UNE DECONSTRUCTION PEUT EN CACHER UNE AUTRE
Avec la candidature de Mme Rousseau (EELV), la « déconstruction » est à la une des médias. Le mot est dans toutes les bouches et les commentateurs s’en gargarisent avec la délectation des profanes découvrant la saveur d’une nouvelle friandise. Le « must » consiste à déconstruire la « déconstruction », opération d’autant plus facile que la compréhension du principe se réduit à y voir l’expression d’une radicalité inédite. Sauf que le procédé n’a rien de radical, encore moins d’inédit, quand l’étiquetage attaché au dernier avatar de la tourmente (la queue de l’orage), détourne l’attention d’une déconstruction plus ancienne, plus avancée et autrement redoutable, celle mise en œuvre par les oligarques fortunés de la planète, grands libéraux à l’affiche, qui s’emploient depuis cinquante ans à déconstruire les frontières, les États, les obligations fiscales, les identités nationales ; et à établir une flotte de paradis ouverts aux seuls trans-citoyens. Quand les foules défilent pour la défense des droits bafoués des minorités agissantes, les milliardaires se frottent les mains : la déconstruction n’est pas là où le doigt médiatique montre la faute à Rousseau.