LA DEMOCRATIE S'EXPORTE... PAR LA PATIENCE
« On n’exporte pas la démocratie » disent aujourd’hui les grands communicants occidentaux. Incomplète, la formule est odieuse dans sa vocation à justifier une scandaleuse lâcheté en escamotant un détail de poids. Les donneurs de leçon devraient dire : « on n’exporte pas la démocratie par la force ». La France le sait depuis l’échec de Napoléon ; mais, après le succès de 1945 qui permit de « rétablir » la souveraineté populaire là où les puissances de l’Axe l’avaient supprimée, il était de bon ton de parer les interventions américaines dans les affaires intérieures des peuples des plus beaux atours pour les faire accepter par des opinions publiques toujours un peu rétives sur des expéditions dont elles doivent payer le prix trébuchant et celui du sang. « La démocratie s’exporte ». Le fait qu’elle ait contaminé les voisins de la France, puis d’autres pays sur toute la planète en est la preuve. Elle s’exporte par la réussite de son modèle, l’imitation, le dialogue, l’éducation libre. La méthode est lente, très lente ; elle a le malheur de ne pas convenir aux élus qui ne connaissent que les échéances à quatre ou cinq ans.
En 2003, Jacques Chirac avait le méroite d'exprimer l'idée dans sa totalité : "On n'exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé".