QUE NOS OEUVRES SONT... COMPTABLES !
« Que tes Œuvres sont grandes, Seigneur », mais elles ne permettent pas de justifier le refus de toute solidarité collective… ou partagée pour utiliser le vocabulaire à la mode.
Les libéraux d’aujourd’hui défendent des politiques d’aide caritative. À l’Etat-providence ils prétendent susbstituer l’investissement libre de la « société civile » dans l’action sociale et l’encouragement des dons personnels plutôt que l’imposition d’une solidarité collective. Les fondations Bill Gates, Bill Clinton et autres mécènes de la charité privée sont là pour témoigner de la sincérité de l’offre. Mais le modèle bute vite sur ses limites qui, trop souvent, sur le métier, remettent la bonne œuvre aux calendes grecques : indifférence bien partagée des plus riches cachés derrière les exceptions milliardaires, insuffisance financière des moins riches et sélectivité de l’aide : à chacun ses pauvres ! L’appel à la bienveillance des Mgr Myriel s’arrête là où commence la sollicitude des Thénardier. Le salut de Jean Valjean ne saurait masquer le sacrifice de Fantine et de Cosette. Gavroche est l’enfant de ce libéralisme dévoyé. Tremblez qu’à la prochaine barricade, il n’échappe à la fusillade et vienne dans vos somptueuses demeures égorger vos filles et vos compagnes.
Il est stupide de refuser les œuvres caritatives, sous réserve, cependant, que celles-ci ne servent pas à entretenir l’égoïsme des plus forts.