LES CHEMINS DE L'APOCALYPSISME

En termes d’appropriations indues de ressources planétaires, il convient de distinguer plusieurs méthodes, toutes critiquables mais de nature fort différente :

Historiquement, la colonisation est l’implantation d’une population à des fins économiques dans un territoire qui ne lui appartient pas. Elle peut-être agricole, minière, commerciale. La référence est le modèle des Grecs de l’Antiquité fondant tout un réseau de colonies dans l’espace méditerranéen. Les grandes compagnies commerciales des Indes et les comptoirs en sont des reconfigurations modernes. Ces installations créent parfois des tensions, peuvent s’étendre aux dépens des populations locales, mais elles n’ont pas forcément vocation à être prédatrices. Chaque cas doit être évalué pour lui-même.

L’impérialisme est un processus politique visant à inscrire par la force d’une guerre ou d’un traité des territoires dans la sphère d’influence d’une puissance en préservant les différences ou en assimilant les indigènes. L’empire romain en donne un bon exemple. La conquête se fait toujours au préjudice des peuples assujettis, mais ces derniers peuvent y trouver leur compte, la citoyenneté par exemple et l’acquisition des droits qui vont avec. L’empire romain fut aussi unificateur qu’il préservât ou digérât les traditions et savoir-faire locaux. Le Saint-Empire germanique ou le plus laïc des Prussiens se constituèrent de façon assez similaire. Devenus allemands, les Bavarois ont préservé nombre de leurs traits culturels. Un empire industriel fonctionne aussi sur ce modèle d’intégration de filiales ou de secteurs associés.

Le colonialisme est une idéologie utilisée par un état qui veut prendre le contrôle militaire et politique de territoires pour en exploiter les ressources économiques, stratégiques, humaines à des fins de puissance. Se mettant en place à partir des mal nommées "grandes découvertes" du 16^e siècle, il connut son apogée au 19^e siècle et fit la force des États-nations européens comme l’Angleterre ou la France. Les populations locales furent assimilées ou mises à l’écart (voir le code de l’indigénat, par exemple).

L’annexionnisme est la tactique utilisée par une puissance pour s’approprier un territoire aux dépens des populations qui y vivent. Elle consiste à user de la force militaire pour exterminer ou expulser les autochtones. Les Européens en usèrent en Amérique du Nord aux dépens des Natifs d’Amérique au 19^e siècle (génocides ou enfermement dans des réserves) ; les Chinois s’y emploie dans une longue marche à petits pas depuis le milieu du 20^e siècle aux dépens des minorités ethniques (des tibétains aux ouïghours) ; Poutine applique le modèle sur le rythme effréné d’une valse à quatre temps : 1/ envahissement du territoire convoité 2/ massacre, expulsion ou déportation des populations jugées indésirables 3/ importation de populations amies ou assujetties 4/ validation de l’annexion par un scrutin.

Toutes ces méthodes sont injustes, toutes ne recouvrent pas le même degré de criminalité.

L’apocalypsisme pourrait bien être la prochaine étape orchestrée aux dépens de l’Ukraine. Il résulte de l’échec de l’une ou toutes les autres tentatives susnommées. Ne pouvant  s’approprier les richesses convoitées, le prédateur décide d’en priver tout concurrent par le recours à la pratique de la terre-brulée et de la désertification par destruction de toutes les infrastructures existantes, stérilisation des terres par diffusion de poisons, mines ou inondations, pollution des eaux et de l’air par radioactivité, etc. La technique a été testée au Kurdistan ou en Syrie. Elle semble en bonne voie de développement sur les rives du Dniepr.

NB : l’annexionnisme mis en œuvre par la clique de Vladimir Poutine, voire l’apocalypsisme, est en train de fabriquer de la haine dont leurs petits-enfants devront porter la charge, à un détail près : les parrains n’ont pas d’enfants, ils n’ont que des hommes de main.

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