CROIRE SAVOIR OU SAVOIR CROIRE
L’homme n’aime pas savoir, il préfère croire. L’exercice est plus facile. Les malins le savent et rivalisent de sciences occultées pour remplir les bétaillères.
Voyez le complotiste, ce paresseux qui rejette les informations estampillées « officielles » au profit de la présomption. Sa foi n’a pas besoin de preuves. Sa religion est la facilité des foules. À ce fidèle du Grand Mystère, il suffit d’écouter les voix impénétrables du mentor et de ses disciples, de répéter les paroles d’Évangile et de psalmodier les anathèmes pour être sauvé. Le Salut est le pain quotidien de ce croyant qui Le découvre dans les gestes chaleureux de ses frères en conviction. Ensemble, ils s’aiment les uns les autres, font mémoire pour habiter l’histoire, promettant foudres et grincements de dents aux brebis égarées pour mieux imposer leur voilure. Sûrs de La Vérité qu’eux seuls détiennent, ils partagent le pain béni des ignorances jusqu’à l’avènement du désordre suivant qu’ils instrumentaliseront plutôt qu’ils l’analyseront parce que Savoir exige un effort auquel leurs coachs en robe longue préfèrent ne pas les initier. D’une croyance à l’autre, il n’y a qu’un signe de différence, celui qui permet la reconnaissance dans la cohue des légendes : un bijou, un logo, un interdit alimentaire ou vaccinal, un geste ou un code, avec ou sans QR du moment que le paroissien l’a dans la peau, l’équivalent d’un mot de passe pour entrer dans le temple en ligne, le réseau social des affidés ou la chapelle des cooptés.