ALLEGORIE DE LA SUPER LIGUE
La coupe de la Ligue de football est l’allégorie du monde contemporain : un quarteron d’entreprises richissimes rachetées par des milliardaires s’approprie toutes les richesses disponibles (meilleurs joueurs, titres les plus prestigieux, recettes publicitaires), laissant de généreuses miettes à une douzaine d’enseignes qui leur servent de sparing partner ou d’idiots utiles ; vient ensuite un lot de clubs dont la seule ambition consiste à accéder à la cour des grands et à tirer au sort le droit d’affronter les meilleurs pour en y glaner quelques recettes et des souvenirs à exposer dans leur salon d’honneurs. Les supporters forment la masse des spectateurs, ceux qui paient le droit d’applaudir des joueurs mercenaires qui ne leur ressemblent pas. Ils crient, chantent, gesticulent, se mettent parfois en colère ; mais, du moment qu’ils ont le jeu sans le pain, ils sont contents. Aux marges des palais, ces grandes enceintes où se déroulent les rituels hebdomadaires, circulent les indifférents, des intellectuels incapables de se passionner pour un jeu de passes à dix (et plus si affinités), des femmes jugées inaptes à y entendre quoi que ce soit et des SDF du ballon rond ou ovale (peu importe la forme, du moment que l’ivresse est garantie).