DANS LA FAMILLE LIBERAL : LE PARRICIDE

Adam Libéral est l’inventeur d’une doctrine reposant sur la défense des libertés pour tous, de toutes les libertés. Elle est la source même de la démocratie à fondement horizontal.

Néo Libéral, son fils puiné, se distingue de son père par la primauté qu’il accorde à la liberté économique sans distinction des rapports de force entre les concurrents. Il pose le libre marché comme seul garant de la justice. Il ne nie pas le bien fondé des autres libertés ; il en use même à son profit – celle d’expression tout particulièrement – mais il les relègue à l’arrière-plan du monde au prétexte que leur exercice dépend de la première. Néo aime la société d’ordre à fondement vertical.

Par définition, Ultra Libéral est le petit frère radicalisé. Seule prévaut pour lui la liberté d’entreprendre à des fins privées, un magique ruissellement venant distribuer à tous le fruit de ses entrailles. Autant Néo est un bon élève du scientisme positiviste, autant Ultra est un mystique, thuriféraire de la religion du Veau d’Or. Son modèle est aux libertés ce que le monothéisme historique est aux dieux : gardien jaloux d’une doxa de la Vérité absolue, il bannit du Ciel tous ses concurrents putatifs. Il fait société de droit Suprême à fondement totalitaire.

On savait Adam susceptible d’engendrer Monopole, un risque qui justifia le vote de la loi antitrust aux États-Unis. On sait, désormais, qu’il a un fils pire que son aîné. Dans la discrétion qu’impose la toute puissance de ce dernier, les initiés le surnomment : le « Parricide ».